Dans le Gers, un éleveur de chèvres, Gérard Roman, s’engage dans une démarche innovante en adaptant un système de séchage du foin à l’intérieur de sa grange grâce à des panneaux photovoltaïques. Ce dispositif non seulement optimise la qualité du fourrage, mais participe également à une réduction des coûts énergétiques, illustrant ainsi la convergence entre agriculture durable et énergies renouvelables.
Un système traditionnel modernisé
Jusqu’à présent, le séchage du foin s’effectuait principalement à l’air libre, une méthode qui peut compromettre la qualité nutritive du fourrage. À Pouy-Loubrin, Gérard Roman a modifié cette pratique traditionnelle en concevant un espace de séchage sous grange. Dans ce cadre, le foin est ventilé et abrité, permettant une meilleure conservation de ses nutriments tels que les protéines et les vitamines.
Ce choix s’inscrit dans une logique de développement durable, où chaque détail compte. En effet, avec 450 chèvres alpines, l’éleveur souhaite garantir une alimentation de qualité. L’utilisation du foin séché sous grange répond à ces attentes, en s’affranchissant de l’enrubannage ou de l’ensilage, qui ne correspondent pas à son cahier des charges.
Intégration des panneaux photovoltaïques
Conscient des enjeux liés à l’énergie, Gérard Roman a décidé d’intégrer des panneaux solaires à son exploitation pour diminuer sa facture énergétique. Ce choix a été développé en collaboration avec la Chambre d’agriculture du Gers, qui a proposé une solution adaptée au séchage sous grange. Les panneaux photovoltaïques ont été installés en tenant compte de l’ombre qu’ils pourraient projeter, afin de ne pas compromettre l’élévation de la température dans l’espace de séchage.
La technique mise en place repose sur des panneaux bi-verres, qui non seulement génèrent de l’électricité mais laissent également passer la chaleur, créant ainsi un effet de serre idéal pour le séchage du foin. Ce système a permis de surélever les panneaux, évitant ainsi des problèmes de condensation et d’ombres indésirables.
Des résultats probants
Ce projet a été mis en œuvre après deux ans de réflexion et d’élaboration, avec l’installation de la centrale photovoltaïque de 500 kWc pour laquelle le coût initial demeure supérieur à celui d’un dispositif classique. Néanmoins, Gérard Roman ne regrette pas cet investissement, car il a constaté des résultats tangibles. La température dans le séchoir est ainsi supérieure d’au moins dix degrés par rapport à l’extérieur, permettant un séchage efficace du foin.
En termes de performance, Gérard a également réduit d’un tiers le temps de ventilation nécessaire, ce qui renforce l’efficacité de son exploitation. Cette avancée lui permet de réaliser sa première coupe de foin fin mars ou début avril, optimisant ainsi la qualité du fourrage récolté.
Une innovation durable pour l’avenir
Cette initiative est non seulement un exemple d’innovation agricole, mais elle souligne aussi l’importance croissante des solutions durables dans l’agriculture. La journée Innov’Action organisée par la Chambre d’agriculture a mis en lumière ce projet, attirant l’attention d’autres éleveurs sur l’utilité du séchage en grange, qui pourrait même être décliné dans d’autres secteurs, comme la culture de céréales ou les scieries.
À l’heure où les enjeux environnementaux sont plus pressants que jamais, les initiatives comme celle de Gérard Roman ouvrent la voie vers une agriculture plus consciente des ressources et des énergies utilisées. La combinaison de techniques agricoles traditionnelles avec des technologies modernes pourrait ainsi être la clé d’une agriculture durable et performante.