La situation énergétique en France est marquée par un paradoxe à l’horizon 2025. Tandis que la production d’électricité décarbonée atteint des niveaux record, le système électrique du pays fait face à des difficultés pour écouler cette abondance d’énergie. En raison d’une consommation faible et d’une surproduction des énergies renouvelables, en particulier solaire, la France est contrainte de réduire sa production électrique.
Un contexte de production électrique en surabondance
Au cours du premier semestre 2025, les rapports de RTE ont révélé un bond significatif des coupures volontaires de production, atteignant 2 TWh. Ce chiffre représente plus de 80 % d’augmentation par rapport à l’année précédente, illustrant une incapacité du réseau à gérer cette production excédentaire. La surabondance provient principalement d’une forte production d’électricité à partir de sources renouvelables.
En particulier, la capacité installée des panneaux solaires a franchi le seuil des 26 GW, dépassant celle des éoliennes. Cette dynamique de saturation du réseau se produit souvent lors des journées ensoleillées, lorsque la consommation atteint son minimum, provoquant ainsi des coupures et des pertes d’énergie notables.
Les conséquences de la surproduction sur le marché énergétique
Les répercussions sur le marché de l’électricité sont significatives. En effet, au semestre, la France a enregistré jusqu’à 363 heures à prix négatif, ce qui représente environ 8 % du temps. Ces situations illustrent un déséquilibre entre l’offre et la demande, incitant les producteurs à réduire leur taux de production afin d’éviter des pertes financières.
En réponse à ces dérives, certains parcs éoliens et solaires, régis par des compléments de rémunération, commencent à ajuster leur production. Cependant, près de 29 GW des installations continuent à bénéficier d’obligations d’achat, ce qui intangible la situation de surproduction sur le réseau. L’impossibilité d’écouler l’électricité excédentaire conduit inévitablement à une économie d’énergie compromise.
Une exportation d’électricité pourtant abondante
Malgré cette surproduction, la France maintient un solde net d’échanges d’électricité positif. Avec 37,6 TWh d’exportations au premier semestre 2025, la France demeure le deuxième pays exportateur d’électricité. Toutefois, ce succès se heurte à des limitations dues à la saturation des marchés voisins. Les pays tels que l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne rencontrent également des périodes de surproduction, limitant ainsi les débouchés pour l’électricité excédentaire française.
Cette situation paradoxale souligne une réalité complexe du marché énergétique français. Même avec une position de leader en matière d’exportation, le pays se trouve contraint à réduire sa production en raison de la difficulté à écouler cette électricité, ce qui pourrait compromettre les objectifs climatiques et la rentabilité des investissements dans les énergies renouvelables.
Réactions et stratégies d’adaptation
Face à ce constat, RTE propose de réévaluer la gestion de la consommation électrique afin de mieux s’adapter au nouveau paysage énergétique. La nécessité de déplacer certains usages vers des périodes où la production d’énergie solaire est au plus haut devient primordiale pour utiliser efficacement l’électricité produite.
En janvier 2026, de nouvelles évolutions réglementaires entreront en vigueur, impliquant une participation accrue de tous les parcs éoliens et d’énergies renouvelables au mécanisme d’ajustement. Cela devrait aider à mieux réguler la production en ajustant l’offre selon la demande. Toutefois, le défi demeure de bâtir des infrastructures de stockage et d’améliorer la flexibilité du réseau pour pouvoir exploiter pleinement les capacités de production renouvelable.
