La société Everwatt, pionnière dans le développement de projets solaires urbains en France, fait face à une liquidation judiciaire, laissant derrière elle un projet phare : la couverture de la base sous-marine de Bordeaux avec des panneaux photovoltaïques. Ce projet de grande envergure, qui devait transformer la base en la plus grande toiture solaire urbaine du pays, est maintenant à la recherche d’un repreneur afin de garantir son aboutissement et la continuité de la transition énergétique en France.
La faillite d’Everwatt et ses conséquences
Everwatt a été placée en liquidation judiciaire le 24 juillet 2025, suite à des difficultés financières accentuées par un retrait progressif de ses actionnaires. Transition Evergreen et Conquest, deux fonds d’investissement ayant soutenu la société, ont chacun suspendu leur participation, entraînant une cessation de paiements pour le développeur. La situation s’est détériorée dans un contexte où la politique énergétique était particulièrement instable, ce qui a semé le doute parmi les investisseurs.
Cette liquidation représente un coup dur pour le secteur des énergies renouvelables en France, d’autant plus qu’Everwatt était le porteur d’un projet ambitieux. La base sous-marine de Bordeaux, avec ses 13 000 m² de panneaux solaires et une capacité de 3 MW, devait devenir un exemple à suivre dans le domaine des énergies solaires urbaines. Malheureusement, la complexité du projet et la situation financière de l’entreprise ont freiné sa mise en œuvre.
Un projet phare : la solarisation de la base sous-marine de Bordeaux
La base sous-marine de Bordeaux, édifiée durant la Seconde Guerre mondiale, pose un défi technique unique pour une installation solaire. Le projet, soutenu par la municipalité et l’aménageur public Bordeaux Métropole Aménagement, était conçu pour intégrer 6 600 panneaux disposés sur des pieux en béton afin de réduire l’impact visuel dans un secteur classé pour son patrimoine. Ce projet a suscité l’enthousiasme des autorités locales qui voyaient ici la concrétisation de leur engagement en faveur des énergies renouvelables.
Avec un prix d’électricité proposé 15 % inférieur à la moyenne du marché, Everwatt espérait attirer des clients pour l’autoconsommation collective, ciblant des bâtiments publics et privés. Ce projet devait non seulement optimiser la production d’énergie locale, mais aussi offrir une solution de transition énergétique jugée essentielle par la municipalité écologiste de Bordeaux.
À la recherche d’un repreneur : Les perspectives du projet
Malgré la liquidation d’Everwatt, la mairie de Bordeaux et les acteurs du secteur espèrent toujours qu’un nouvel investisseur pourra reprendre ce projet clé. Selon Claire Vendé, directrice de Bordeaux Métropole Aménagement, « l’objectif est de trouver un développeur qui reprenne le projet tel qu’il est défini ». Cette volonté de continuité démontre l’importance stratégique de cette centrale solaire pour la ville et pour la transition énergétique de la région.
Un soutien municipal à la hauteur est également envisagé, avec la possibilité d’une aide équivalente à 25 % des coûts d’investissement. Plusieurs entreprises ont déjà manifesté leur intérêt pour le projet, et la mairie stipule qu’elle veillera à ce que le nouveau porteur de projet maintienne la qualité et l’échelle initiales. La rapide reprise du projet est cruciale pour le respect des engagements environnementaux de Bordeaux.
Les enjeux du contexte politique et économique
La situation d’Everwatt met en lumière les tensions qui existent dans le secteur des énergies renouvelables en France. Le manque de clarté politique a entravé les financements, rendant les investisseurs plus réticents face à des projets jugés risqués. Jérôme Owczarczak, l’ex-directeur général d’Everwatt, évoque les défis rencontrés : « le contexte pousse les banques à ne pas prendre de risque », entraînant une précarisation des sociétés d’énergie renouvelable.
La faillite d’Everwatt s’inscrit dans un tableau plus large de défis que rencontre le secteur : cessation d’activité de l’*entreprise France Solar* et la fermeture de la dernière usine de panneaux solaires en France sont des exemples récents des difficultés économiques qui touchent le photovoltaïque. Cette situation appelle à une réflexion sur les stratégies futures et sur la façon de sécuriser des investissements dans un domaine qui est censé jouer un rôle clé dans la transition énergétique de la France.
Dans ce cadre, il est essentiel que les politiques publiques évoluent pour offrir un cadre stable et prévisible aux acteurs du photovoltaïque. La recherche active d’un repreneur pour le projet de la base sous-marine de Bordeaux pourrait ainsi devenir le catalyseur nécessaire pour relancer la dynamique du secteur solaire en France.
