Le 25 juin dernier, un arrêté préfectoral a donné le feu vert à un cadre réglementaire crucial pour l’implémentation de l’agrivoltaïsme dans le Lot. Bien qu’il vise à allier production agricole et énergie solaire, cette initiative suscite d’importantes oppositions. Cet article explore les enjeux et les tensions au sein de cette démarche innovante.
Un cadre réglementaire pour l’agrivoltaïsme
Le nouveau document cadre a été conçu sous l’égide de la Chambre d’agriculture du Lot. Il représente une réponse à la loi APER (Accélération de la production d’énergies renouvelables) de 2023, en identifiant les parcelles pouvant accueillir des panneaux photovoltaïques. Ces terrains sont classés en deux catégories : l’agrivoltaïsme strict, qui est très encadré, et les sites jugés compatibles avec les activités agricoles.
Ce cadre a été élaboré avec l’ambition de concilier une agriculture durable et une production d’énergie verte. En s’appuyant sur des zones dégradées ou peu productives, comme des anciennes carrières et des prairies à faible rendement, il vise à conserver l’intégrité des terres agricoles tout en incitant à l’innovation.
Des projets à l’étude mais peu concrets
Actuellement, peu de projets ont été mis en œuvre dans le Lot, malgré l’intérêt croissant des énergéticiens. Pierre-Henri Mons de la Chambre d’agriculture souligne que seuls quelques dossiers correctement élaborés peuvent espérer aboutir. Pour être qualifié d’agrivoltaïque, un projet doit maintenir au moins 90 % de la production agricole tout en fournissant des services divers, comme l’ombrage pour les cultures.
Le process de création d’un projet agrivoltaïque exige davantage qu’une simple installation de panneaux solaires. Il inclut des études approfondies, un plan d’exploitation et un respect post-retraite de l’exploitant. Cela démontre une intention de respecter à la fois la culture agricole existante et la nécessité d’une transition énergétique.
Les tensions croissantes autour de l’agrivoltaïsme
Malgré les intentions affichées, le projet d’agrivoltaïsme à Loubressac a suscité une vive contestation parmi les résidents. Un groupe de citoyens, « Causse toujours », exprime des craintes quant à l’impact visuel et écologique des centrales photovoltaïques. Ils arguent que le modèle d’agrivoltaïsme est un prétexte caché pour transformer les paysages en vastes champs de panneaux solaires.
Les préoccupations des habitants incluent des risques d’incendie, des effets néfastes sur la biodiversité, ainsi que des implications sur le patrimoine touristique local, notamment en raison du chemin de Saint-Jacques. L’absence de consensus sur la manière dont l’agrivoltaïsme devrait se réaliser expose la division entre la volonté de rendre l agriculture durable et la préservation des paysages.
Un équilibre difficile à atteindre
À l’heure où la transition énergétique est essentielle, la cohabitation entre l’agrivoltaïsme et l’agriculture traditionnelle se dessine comme un défi majeur. Pierre-Henri Mons insiste sur la nécessité de trouver un équilibre respectueux des paysages et des métiers agricoles, mais cette vision est loin d’être partagée par tous dans la région.
Le retour d’expérience sur des projets agrivoltaïques sera crucial pour éviter des erreurs passées. L’idée est de développer des projets qui soient à la fois exemplaires et respectueux des futures générations, tout en étant accueillis avec bienveillance par la communauté locale. Ainsi, la question demeure : comment réaliser des projets qui concilient développement durable et acceptation locale ?
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